Le dessin méditatif ou dessin dirigé
Elisabeth Perry, psychologue clinicienne et thérapeute à NancyLe dessin méditatif ou dessin dirigé
Prendre place devant la table comme on se pose devant soi, s’ancrer dans son corps, devenir disponible pour une rencontre avec soi.
Fixer une feuille de papier en faisant le choix de la verticalité ou de l’horizontalité...
Fermer les yeux, revenir à soi, écouter les vibrations ou les silences si ténus, au cœur de cet espace intérieur.
Poser ses mains sur la feuille, ressentir le chaud ou le froid, l’épaisseur ou la profondeur, les limites, la dureté ou la tendresse du papier….
Prendre un fusain, couleur noire ou sanguine au choix, dans la main droite, puis un autre de même nature dans la main gauche, dans l’ordre désiré.
Se laisser guider et répéter la forme proposée : trait, courbe, vague, coupe, croix, point… écouter le dit de la main droite, celui de la main gauche, puis le mouvement des deux mains ensemble et séparément, l’engagement du corps…
Écouter, donner passage à ce qui est là, dans la profondeur de l’être et qui cherche à s’exprimer, à ce qui vibre, à ce veut laisser trace : là une vague, là un trait, là un tourbillon, ici un point rageur, ailleurs une courbe émue, une barque accueillante… L’émotion se fait trait, le vécu se révèle dessin, trace, espace, ligne, nœud, vide, trou, couleur rouge sang ou encore noir abîme... Les traits s’entremêlent, épais, subtils, précis, incertains ou si clairs... Lâcher la forme et se faire trace, descendre jusqu’à son propre fond, trouver sa profondeur et accéder à son histoire, accueillir et dialoguer avec son être intime, faire place au Soi, au delà du moi qui, parfois, emprisonne ou se trouve insuffisant à dire ce qui est vraiment.
Et, doucement, le besoin de "dire" s’épuise, telle une vague qui s’échoue sur la plage, laissant place à la nécessité d’un regard, d’un échange, d’une pause. Prendre conscience, accueillir, partager humainement un vécu parfois trop lourd, un espace découvert, une ouverture créée, un passage encore incertain mais désiré.
Ouvrir alors les yeux, découvrir les traces laissées, nommer ce qui apparaît, partager le processus et la traversée, évoquer son vécu, son ressenti avec le thérapeute, se laisser questionner par la trace apparue, partager toujours, faire le lien avec son quotidien, s’ancrer dans l’expérience et trouver des ressources pour aborder sa vie et la mettre en accord avec ce qui est là.
Parfois, encore, rejoindre la blessure et trouver la lumière cachée au creux du chaos. Attendre, écouter et dire jusqu’à ce tout soit dit, partager, toujours partager pour se rencontrer et s’accomplir.
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